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Sous ce titre , "paraboles", j'écris des textes évocateurs de d'autres textes, ouvrages, poèmes, chansons et je ne mets que ce titre : "parabole" suivi d'une dédicace à ceux qui les ont écrits, composés.

À vous de retrouver les textes qui me les ont inspirés. Je vous aide un peu en fin de chaque texte en remerciant par leur prénom les auteurs.

Faites au mieux si ça vous amuse. Sinon, demandez moi en commentaire, je me ferai un devoir de vous répondre 😙

Lundi 6 à mercredi 14 Novembre 2023


       Le rythme des flots m’inonde et me submerge jusqu’ la nausée.

       Dans la pâleur immaculée de l’innocence, mon astre vient me brûler. L’amour des êtres dépend des liens qui les arriment à la vie. Las, il se noie, lourd de nos joies et de nos étourderies.

       Je suis hanté par notre paysage qui nous ravit, nous berça, nous enlaça encore et encore. Or il n’est plus que le linceul de nos chants, de notre inconséquence. Il cueille bien, parfois, notre passé, quelques ors, les frétillantes pépites, irisées comme l’était la pierre que j’avais mise à ton doigt, en mille éclats illusoires, chus et gisant, poudre liquide qui nous échappe, nous fuit.

 

       Te souviens-tu nos jeux et notre mépris de l’adversité qui hurle à notre insu, à nos oreilles sourdes, comme sur la laisse, vide, abandonnée par les eaux. Mais c’est ainsi que se veut la vie, dans sa grande respiration fragile. Notre temps n’est plus, il est devenu si gris, comme notre horizon qui se dessine, si froid, si terne, inéluctable. Pourtant c’était la fête, le feu gagné sur le couchant et notre élan éperdu, quand nous survolions notre misère sans percevoir qu’insigne elle courait à nous ruiner, inexorablement.

       Ah les belles joies évanouies, ô scélérates enluminures ! D’où je n’ai plus d’envie, juste la peine sur mon désert intérieur.

       Nous avons joué à n’y pas croire. Nous invitions nos frissons, l’âme frivole, refusant de lire notre traitresse comédie. Nous appelions ton bonheur, criions que s’en revienne nos chants, nos odes. C’est le tocsin qui résonne, le glas, la force de notre déclin. Nous goûtions encore les épices mais elles brûlaient nos chairs à vif, malgré le soin que je prenais de te faire oublier les humeurs de la terre délaissée, sensible, dont j’ai chahuté les tréfonds, cueilli l’illusion de tes sueurs au petit matin quand la pâleur du soleil se levait sur ton amertume, dans la triste paix de nos gisants.

       J’y admirais une chatoyante mais vaine lumière. Et toi, si vivante et jeune encore, désormais tu constatais la profondeur de mon désarroi.

 

       Le paysage autour de nous poursuivait de cheminer dans son aura. Les rouleaux brassaient des étoiles dans un caquètement de pierraille aux rythmes andalous. Ô forces implacables, soyez magnanimes devant tant de strass, ils voilent l’éclat et le bruit de la perfidie lorsqu’elle frappe. En moi s’est immiscé le doute, celui qui se révèle dans la stérilité de la vie, ses périodiques renoncements, décevants, indépassables, implacable signature de l’inertie du corps même quand il s’agite sans cesse, comme le flux des vagues, sempiternel ressaut où je réalise, à force de scruter notre histoire, ta spécieuse félonie.

       Alors je m’isole sous la bannière du ciel, ne comprenant plus rien. J’y pense et repense sans cesse, me triturant de peines, paria acculé de noirceur. J’explore mon chagrin, le dissimule sous de trompeuses perspectives. Mais la vérité est là : elle cogne, me suit partout.

 

       C’est fini le rêve. Je traîne mon dépit, le noie dans ce quotidien sans que rien ne me donne le change.

       Le charme de la baie n’opère plus, le ressac me ronge. M’attirent les profondeurs de l’onde où ensevelir ma docile résignation.


Merci Léo

(Libre compréhension de « la mémoire et la mer »)

Parabole : à M. B.

Le 1° Novembre 2022

       Vous étiez tous deux, vivant le quotidien comme il est. Vu de l’extérieur, il n’y avait pas grand-chose à dire. Mais entre vous, cela se passait comment ?

       Toujours est-il, un jour, un dimanche peut-être, un jour sans rien de particulier—et c’est peut-être là que tout réside, dans ce rien de particulier—vous étiez chez vous. Il faisait beau… Ce n’est pas sûr. Il devait faire bon en tout cas.

       Sans que vraiment rien ne l’annonce, elle s’est approchée de la fenêtre. A-t-elle vraiment regardé dehors ? A-telle eu un peu froid, un peu frais ? En dedans ça devait ressembler à ça : elle a rapproché les battants, elle a tourné la crémone. Elle s’est retournée. T’a-t-elle regardé ? Tu n’en sais rien. Elle est allée vers la porte, est sortie. Tu ne l’as pas revue.

       Tu l’as regardé faire. Tu n’as pas bougé. Tu n’as rien dit. Elle est partie. Te voilà seul.

       Le soir est venu, progressivement. La nuit t’a enveloppé. Elle l’a fait comme on s’inquiète pour le bien-être de quelqu’un : « Maintenant, ta vie, c’est moi, toujours ».

       Décontenancé, tu as écarté les mains, un peu comme on le fait pour recevoir quelque chose sans trop savoir quoi. Mais tes mains sont restées vides, ouvertes sur rien. Tu as relevé la tête. Devant toi, le miroir ; dedans, ton reflet. Tu t’es trouvé bien plus marqué par le temps que tu ne l’imaginais. Et la nuit a continué de t’envelopper, toujours. Tu y habites maintenant, où que tu ailles.

       Et puis dehors…

       Le souffle de l’air s’est fait entendre. C’était… On voyait l’air bouger, comme un long flot ondulant, tantôt froid, tantôt tiède. Il était là : sans limite, sans obstacle. Il habitait tout indéfiniment, dans un bruissement. Tu as remarqué : c’était des pleurs, des gros pleurs, et puis par moment comme quelqu’un qui discute à l‘écart.

       Le souffle d’air vient toujours d’ailleurs, depuis d’autres contrées. Tout autant qu’il vient d’avant, bien avant. Et tu deviens le souffle, cet être qui va qui vient, ce qui cherche l’image de l’être, perdu dans une quête devenue sans fin. Les pleurs te viennent de ce que tu es ce souffle, l’air qui va.

       Tu en deviens effrayant pour tous et tu ne peux plus te reposer. Tu le sais, courant d’air en errance

       Devant les plaintes aigües que tu pousses, chacun te ferme sa porte. Personne n’aime les ballades qui finissent mal.

Merci Mama B.

Parabole : à M. et G.

Le 29 Octobre 2022

       Il nous arrive de vivre seul, en petit prince, à compter les levers de soleil, les couchers, à craindre pour une fleur que rien ne menace. On se prend alors à côtoyer des gens, des moins que soi. À l’occasion on partage avec eux notre sommeil. Quand on prend la plume pour écrire à des  gens qui n’existent plus ou si peu, quand on compte et recompte les pièces dans sa bourses, quand on imagine des poèmes, des suppliques pour des êtres de parabole…

       C’est que quelque part en nous le vide est là. On a besoin d’une main, d’un  accoudoir ou d’une balade, qu’on ne trouve pas, qui ne sont pas là. Oui, c’est impérieux : une présence, une âme à chérir, ou simplement un peu de ce qu’on aimerait bien.

       Et le temps qui dure ne nous l’offre pas.

       Quand notre foyer brille seul si loin et que l’on s’étonne qu’il faille déjà le rallumer alors qu’on est blotti dans son fauteuil, enveloppé dans un plaid douillet, qu’on s’oublie comme un petit être à bout de force, alors on se raconte les jolis moments d’avant et à ceux autour, réels ou pas, et qui s’en moquent bien. Quand on se pare des ses plus beaux atours, pour rien, qu’on reste là…

       C’est que quelque chose n’existe pas, c’est que le seul ami ou celui qu’on invente, que la maison dans le Vercors n’est pas à toi mais que tu y serais bien avec un passionné de rencontre, ou celle, celui, que tu voudrais qu’il t’accompagne. Oui tous ces gens ne vivant, n’existant qu’en toi, depuis toujours…

       Quand on s’en va tout seul au loin, parfois le destin s’en mêle, une main se glisse dans la tienne et vous êtes deux alors nulle part et plus rien n’a d’importance…

       Parce qu’alors on est bien, que rien ne compte, que l’espoir s’appelle maintenant et que tout le reste reste le reste qui n’existe pas pour soi et c’est très bien comme ça.

Merci Maurice et merci Gilbert

Parabole : à A et G

Les 26 et 28 Octobre 2022

       Le jardin de notre vie est peuplé de fleurs ou d’oiseaux rares, de tendres gemmes mais à la présence éphémère. Nous nous sommes tous arrêtés, au moins une fois, et nous sommes laissés aller à contempler ce petit quelque chose qui a titillé notre attention

       Chacun, c’est fréquent, garde pour soi ce pur instant de merveille. Et rares sont ceux qui ont vraiment tenté de le saisir, de le garder. Beaucoup plus nombreux nous sommes à avoir misé sur le hasard ou sur la chance, espérant que se renouvelle une telle rencontre.

       C’est rayon fugace qui a mis en exergue ce petit bout de rien ravissant. Et tel ce rayon de soleil qui cède au passage des nues ordinaires, le mirifique s’est évanoui, prestement, mais nous laisse pantois et ravis.

       D’autres fois, au cours d’une balade, d’un périple, d’une pérégrination, un joyau daigne nous accompagner, effaçant la peine, l’effort, nous cueillant plus loin, surpris que le chemin fut si court. Et tel un amoureux d’images, parfois, nous n’avons pas eu la présence d’esprit d’appuyer sur le déclencheur pour immortaliser l’instant, le lieu, l’évènement.

       Il arrive aussi que nous effleure de pauvres beaux êtres, fleurs, oiseaux, panthères, tristes, affaiblis, errant sur le chemin qui longe le nôtre. Ils se parent de gris mots, de chagrins sourires, soulignant plus encore la beauté qui les habille. Que n’a-t-on alors l’audace de les libérer de leurs maux, de leurs chaînes, de les alerter de notre présence sous d’hospices marques d’attentions ? Non point, encore non, nous gardons à distance, comme enfouis en nous ces doux élans, ces soleils qui embelliraient leur avenir. Du moins le pense-t-on…

       Et la vie, dans son impétueuse brise, de nous porter plus loin. Nous avons souvent offert nos vies à d’autres paysages, courus d’autres chemins de fortune. Tombent alors sous la poussière du temps les lueurs tendres des aubes merveilleuses, s’efface le souvenir, se gomme l’heureuse impression de l’instant.

       Mais dans la course insensée que nous menons contre le vent parfois, ressurgissent à l’envi en notre esprit déserté l’image de tant de joyaux qu’on aurait pu croire évanouis. Les bourgeons refleurissent, embellis à l’occasion. Le goût si suave ranime nos papilles, réveille nos frissons. En vain pourtant : les splendeurs sont fugaces que l’on ne nourrit pas. On ne sait plus en retrouver les chemins, des pensées timorées distendent les destins.

       Alors, dans le grand silence de nos soirs dépeuplés, nous redessinons les courbes d’un pétale, humons les fragrances évadées dans l’imaginaire et nos âmes versent quelques larmes pour vernir ces beaux tableaux, les préserver dans l’antre faussement paradisiaque de notre vie.

Merci Antoine, merci Cher Georges !

Parabole, à L. F.

Derniers commentaires

03.10 | 09:01

Bonjour Etienne j'aimerai avoir de tes nouvelles,je peins toujours
Amitiés Suzanne

31.01 | 16:28

j'aime vos aquarelles ou l'on peut frôler la sensibilité dans la touche fondue ou émane le mystère

31.01 | 16:07

quel plaisir ce voyage a travers vos mots qui nous laisse un gout miel et d'encore

10.12 | 12:34

Merci beaucoup Anne

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